La blogosphère regorge de surprises et là encore, je
suis fière d’être de ce projet !
Sophie Wow Mum a eu une idée géniale pour cette
fin d’année : créer un conte à 60 mains ! Je m’explique : Sophie
plante le décor le 1er novembre, et chaque jour, 1 personne (donc 2
mains) écrit la suite de l’histoire jusqu’à la fin du mois (30 jours donc si le
compte est bon : on a bien là nos 60 mimines !)....
Il me semble qu’il reste encore des dates à “écrire”
pour celles et ceux qui auraient envie de prendre part à l’aventure. Pour cela
rien de plus simple, connectez vous sur le groupe facebook Tag Once Upon a Time.
Et comme c’est un conte... il lui fallait ses 12 coups
de minuit... donc le 30 novembre à cette heure fatidique, le Groupe Facebook
disparaîtra ! Et la magie vous emportera !
Je prends donc aujourd'hui la suite de Madame Sioux,
en espérant que cela vous plaira ! grosse pression !
« Il était une fois, dans une lointaine
contrée montagneuse, un petit village niché dans le creux d’une vallée,
entourée d’épaisses et sombres forêts. Les villageois vivaient au milieu des
bois, dans leurs petites maisons aux toits moussus, sur lesquels la végétation
poussait en un tapis de champignons et de fleurs éparses. Les volutes de fumée,
qui s’échappaient des cheminées, courraient pour rattraper la cime des arbres,
s’entrelaçant comme les nattes d’une jeune et jolie bergère du village.
Éliana était une magnifique
jeune femme blonde, remplie de douceur et de bonté. Non seulement elle était
appréciée par tous les habitants du village, mais les animaux aux alentours
semblaient également sous le charme de ses grands yeux verts. Demoiselle au
grand cœur, elle ramenait régulièrement des animaux blessés chez elle. Elle
vivait seule dans une maison un peu plus éloignées des autres où chose étrange
les volets en forme d’étoile restaient clos de jour comme de nuit… Cela ne
semblait choquer personne, à part Aaron, le fils du chef, qui revendiquait être
le seul à ne pas être aveuglé par la beauté envoûtante de cette bergère.
Aaron ne savait pas
pourquoi il détestait à ce point Eliana, il passait pour un paranoïaque aux
yeux de tous, mais au fond de lui il savait. Il pressentait qu’elle cachait un
terrible secret. Il avait essayé d’avertir son père à ce sujet, mais celui ci
ne voulait pas en entendre parler. Il était bien décidé à la percer à jour et
montrer à tout le monde qu’il avait raison. Un matin, il prit la route avec son
fidèle destrier, Winter, pour aller voir ce qui pouvait se tramer chez elle. Il
savait qu’en ce jour de marché Eliana se rendrait au village et il aurait ainsi
la voie libre pour explorer sa maison dans les moindres recoins. Lorsqu’il
arriva devant la chaumière, il décida d’essayer de voir par les interstices des
volets. Il colla donc son œil au volet quand soudain…
Il colla donc son œil au
volet quand soudain un brassement d’ailes lui fit lever la tête avec sursaut .
Aaron fut étonné de voir
qu’une petite chouette au plumage couleurs châtaigne et argenté, s’était posée
sur l’ extrémité de la fenêtre.
Ses yeux jaunes perçants le
fixaient intensément.
Comme hypnotisé il resta
ainsi quelques minutes perdu dans les profondeurs de ces pupilles noires jais…
Le hennissement de son
cheval le réveilla et fit peur au rapace qui s’envola, Aaron eut juste le temps
d’apercevoir un parchemin roulé entre ses serres…
Le parchemin tomba au sol.
Sans réfléchir, Aaron se saisit de ce dernier, la main tremblante. Il était
venu ici dans l’idée d’en savoir plus, mais il ne s’attendait pas à être le
spectateur d’une scène comme celle-ci. Tant de questions, tant de de mystère,
une telle culture du secret autour d’elle depuis toujours. Il n’en pouvait plus
de rester sans savoir, il n’en pouvait plus de se questionner, de chercher sans
jamais trouver ce qui la rendait si envoûtante.
C’était donc le moment où
jamais, le moment où peut être enfin il en saurait plus, où peut être il
saurait tout.
Il avait entre les mains
une des rares choses qui pouvaient enfin lui donner de réelles pistes la
concernant. Il réalisa alors à cet instant combien ce parchemin pouvait être
précieux. Cela le rendit fébrile, comme s’il appréhendait finalement d’en
découvrir le contenu. Lui qui n’avait jamais fait preuve de faiblesse jusqu’à
ce jour, se retrouva dépourvu. Il était là, debout devant la maison de la jeune
femme, le document à la main, avec toutes les raisons du monde de vouloir le
dérouler pour le lire, mais il était pris d’une hésitation soudaine à laquelle
lui-même ne s’attendait pas.
Au bout de quelques
minutes, il reprit ses esprits. Il ne fallait pas qu’il tarde, elle pouvait
rentrer à tout moment, or il ne tenait absolument pas à être surpris ici, à
chercher quelques informations qui pourraient enfin la confondre.
Soudain, un bruit dans les
fourrés le fit bondir sur son cheval et partir un peu plus loin où il pourrait
consulter le document en toute tranquillité. Une fois à l’abri de tout regard,
il descendit de sa monture, s’installa au pied d’un arbre auquel il attacha
Winter, puis il déroula le fameux parchemin.
Alors qu’il parcourait les
premières lignes, ses yeux s’écarquillèrent…
Comment croire ce que ses
yeux lisaient! Ce n’est pas possible! Le jeune homme se trouva confondu devant
l’impact du parchemin qu’il avait entre les mains. Aaron en vint à maudire sa
curiosité.
Maintenant qu’il avait pris
connaissance du document, il ne pouvait plus faire machine arrière. Mais quel
poids pour un jeune homme. Et comment faisait elle, depuis tout ce temps?
Maintenant il comprenait
les choses sous un nouvel angle.
Le hululement d’une
chouette le sortit de ses pensées. En levant la tête, il reconnut l’animal
qu’il avait croisé devant la maison.
Aaron s’énerva et cria à la
chouette:
« Tiens, reprends ton
parchemin! Maudit animal!Je voudrais tant que tu ne l’ais jamais lâché! »
Stoïque, la chouette
continuait de le fixer de ses grands yeux jaunes.
Aaron, remonta sur Winter,
ne sachant vers quelle direction aller. La seule chose sûre, c’est qu’il
n’était désormais en sécurité nulle part.
Perdu dans ses pensées,
Aaron se laissait tranquillement guider par son fidèle Winter, sans prêter plus
attention au chemin tant il était assailli de questions:
Comment allait il porter le
poids d’un si lourd secret?
Devait il en parler au
chef, … son père?
Eliana était admirée de
tous. Comment allait il s’y prendre pour faire ouvrir les yeux aux habitants?
Était ce là enfin
l’occasion de prouver sa bravoure, si souvent moquée?
Soudain, le trot tranquille
de Winter ralentit et sortit Aaron de ses pensées…
Ils arrivèrent au milieu
d’une clairière et Winter s’arrêta net, au même moment qu’une chouette hululait.
Un frisson parcourut le dos
d’Aaron. Il avait un mauvais pressentiment.
Il entendit des pas sur les
feuilles sèches qui jonchaient la clairière.
N’écoutant que son courage,
Aaron descendit de cheval et se retrouva à quelques pas seulement d’Eliana, qui
le fixait, un doux sourire aux lèvres.
Aaron resta muait, il ne
s’attendait pas a tomber nez à nez avec Eliana, qu’allait-il pouvoir dire pour
justifier de sa présence ici, à quelques pas de sa maison, savait elle qu’il
avait lu le parchemin ?
Avant qu’il n’ait le temps
de prononcer le moindre mot, Eliana toujours souriante pris la parole « Tu n’as
pas l’air bien Aaron… que t’arrive-t-il ? »
Aaron voulut trouver une excuse, mais
il fut coupé une nouvelle fois « Tu m’espionnes ? » dit la jeune femme en
montrant le parchemin d’un geste de la main, le ciel s’assombrit et la tension
devint palpable, la forêt était silencieuse, l’ambiance lugubre, seule la
respiration tremblante d’Aaron rompait le silence,
Eliana prit à nouveau la parole, hélas
comme Aaron le présentait cela n’annonçait rien de bon…
« Maintenant que tu es au
courant, veux-tu me suivre dans la lute contre le peuple de Dirmoun, ces hommes
qui vivent de l’autre côté de la montagne et souhaitent faire disparaitre tous
les animaux de la terre, pour que l’homme règne seul sur le monde ? …
Mais pour cela tu dois
faire une croix sur toute logique, savoir que les mythes et légendes sont vrais
et être prêt à sacrifier jusqu’à ta vie… Es-tu prêt ? «
La proximité soudaine avec
Eliana déstabilisa Aaron. Elle sentait un mélange de mousses, de noisettes et
de fruits des bois. Ses beaux yeux bien francs, et sa détermination
inébranlable lui montèrent soudainement à la tête. Il se sentit pris au piège
de son charme, et à la fois rebuté par ce qu’il venait d’apprendre. Il reprit
ses esprits.
« Dis moi d’abord comment
je peux avoir confiance en toi ? Toi qui nous caches qui tu es depuis toujours.
Sur le parchemin, le Seigneur de Dirmoun s’adresse à toi comme à la Princesse
Eliana, fille de Mira, la Déesse Louve. »
Loin d’être décontenancée
par ce qu’Aaron venait de découvrir, Eliana lui dit :
« Oui c’est vrai. J’ai grandi parmi
les loups. Orpheline, Mira m’a trouvée dans la forêt, et élevée comme sa propre
fille. L’histoire est aussi longue que passionnante, mais le temps presse, nous
sommes en grand danger, et j’ai besoin de toi pour m’aider ».
Pendant ce temps, un
conseil se tenait à la table du seigneur Dirmoun.
Cet homme était le plus
craint de tous les seigneurs du Royaume : sanguinaire et froid, il était
surtout doué d’une force sur-humaine.
Son château était jonché
sur les hauteurs « de l’autre côté de la montagne ». Suzerain du grand Mont
d’Or, autrefois région la plus belle de tout le royaume, Dirmoun en avait fait
un lieu noir et froid. Il n’y avait presque plus d’animaux et la végétation se
faisait rare.
Toujours entiché de son
heaume à cornes de chevreuil et de sa peau de loup, il menait d’une main de fer
l’ordre du jour. « J’exige que d’ici la prochaine Lune toutes les licornes
soient tuées ! Peu importe les dommages collatéraux, fouillez la forêt, les
champs et même les écuries s’il le fallait ! »
A ces mots, le scrib du
seigneur ressentis des frissons dans le dos.
Tant d’animaux avaient déjà
péri : Dirmoun rêvait d’un Royaume sans animaux…!
Si seulement il avait le
courage de dire à son suzerain ce qu’il se passerait si les licornes étaient
décimées… et qu’allait faire Eliana ? Il avait peur pour elle.
Enfants, ils avaient joué
ensembles. La connaissant, il savait qu’elle ne resterai pas sans rien faire
lorsqu’elle apprendrait la nouvelle.
Il fallait qu’il l’a
prévienne. Mais comment ? Il ne savait même pas où elle était.
Soudain, il eu une idée…
Brutus, le père d’Aaron
quitta la table du conseil du seigneur Dirmoun et repartit tranquillement vers
le village avec l’intention d’obéir aux ordres …Il en allait de la vie de son
fils et des autres habitants du village. Perdu dans ses pensées, il ne remarqua
même pas la mouche qui voletait autour des oreilles de son fidèle étalon. Il ne
comprit donc pas que le scribe, car c’était lui, demandait à l’étalon de
prévenir Winter pour ce que dernier prévienne sa mère, Majesta la reine des
licornes, dans son repaire de la forêt.
Pendant ce temps, Aaron
restait fasciné par Eliana, comme s’il avait été envouté. Il secoua la tête
pour se reprendre et murmura comme pour lui-même : « Je ne te comprends pas
Eliana, comment pourrais-je te faire confiance? Et qui est Dirmoun ?»
La jeune fille sourit d’un
air doux et triste :
« Si tu en es capable et si
tu en as le courage, viens avec moi dans la sombre forêt rendre visite à ma
mère et tu verras. Mais peut être n’es tu qu’un couard, un lâche comme ton père
qui n’aspire qu’à sa tranquillité ? »
Piqué dans son orgueil,
Aaron ne prit pas ses jambes à son cou mais son courage à deux mains et attrapa
la main que la belle ensorceleuse lui tendait. Elle siffla lentement Winter qui
la suivit et les mena tous les deux vers sa maison. Là, elle ne fit pas entrer
Aaron mais alla chercher une petite fiole remplie d’un liquide doré et lui
tendit :
« Tu dois boire ceci pour
oublier le chemin de l’antre de ma mère, sinon cela serait trop dangereux et
renvoies Winter à l’écurie, il saura quand revenir te chercher. » Aaron hésita
un instant entre peur et tentation puis il claqua un coup sur la croupe de
Winter qui s’en alla et attrapa la petite fiole…
Aaron regarda cette fiole.
Le liquide doré semblait bouger seul. Devait-il avoir confiance en elle? Et
d'un seul geste, il ouvrit la fiole et la bu toute entière. L'espace d'un
instant, tout semblait tourner autour de lui, et il s'écroula sur le sol.
Lorsqu'il revint à lui, il
était au milieu de la forêt, allongé sur un parterre de mousse. Au loin, il
entendait Eliana qui parlait avec une femme à la voix étrange. On comprenait ce
qu'elle disait, mais le son de cette voix était à mi chemin entre un grognement
et un hurlement de loup. Il compris tout à coup, Mira!!! Cela ne peut être
qu'elle, la déesse louve.
Aaron s'approcha, et vit
Eliana à genoux devant un énorme loup blanc. Il était magnifique, et avait de
grands yeux verts. Soudain, Eliana et Mira s"arrêtèrent de parler et
le regardèrent fixement.
Eliana se mit debout et
alla rejoindre Aaron. "Viens que je te présente" dit-elle. Ils
s'approchèrent tous les deux de Mira.
"Voici donc le jeune
homme dont j'ai tant entendu parlé" dit-elle dans un grognement.
Interloqué, Aaron se tourna vers Eliana. Celle-ci était devenue soudain
écarlate.
"Il semblerait que ma
fille ait un grand respect et une grande estime pour toi" poursuivit-elle.
Aaron sentit alors la chaleur monter le long de ses joues. Cela pouvait-il être
possible? Cette jeune fille magnifique, qui lui paraissait si étrange avec lui,
pouvait-elle être finalement amoureuse de lui?
Avant
qu’Aaron n’ait décidé de la conduite à tenir devant ces indiscrètes
révélations, Eliana reprit la parole d’un air qui se voulait dégagé. Elle tenta
d’expliquer au jeune homme les origines de cette guerre aussi retorse
qu’incompréhensible pour le commun des mortels.
Des
années auparavant, en montant sur le trône de la contrée du Grand Mont d’Or, le
seigneur Dirmoun aurait découvert dans les combles de son château, un grimoire
renfermant des informations cruciales sur la vie après la mort. Depuis lors,
persuadé que tous les mortels, et notamment ses anciens rivaux, se
réincarnaient dans les corps des animaux naissant dans les contrées alentours,
Dirmoun avait cédé à une paranoïa aussi imprévisible que sanguinaire.
L’extermination
des licornes, ces animaux à l’aura si particulière et qui s’avéraient très
habiles pour éviter leur persécuteur, étaient peu à peu devenues son obsession.
Les chefs des villages alentours devaient lui rendre des comptes chaque semaine
sur leur tableau de chasse. Les plus réticents à l’application de ces mesures
sanglantes étaient menacés des pires châtiments.
Si
Aaron comprenait mieux à présent la conduite de son père, il ne percevait
toujours pas l’importance que pouvait revêtir Eliana dans ce sauvage combat –
outre les soins apportés aux animaux rescapés.
Il
réalisait aussi peu à peu combien son jugement avait pu être brouillé par sa
frustration de ne pas parvenir à assouvir sa curiosité. Mais aussi que
l’acharnement de sa vindicte à l’égard de la discrète jeune femme illustrait la
tendre disposition de ses sentiments.
Il
était sur le point de questionner les deux femmes sur le rôle qu’il pouvait
tenir afin de déjouer la violence des mercenaires de Dirmoun quand Mira se mit
à hurler à la mort. L’horreur se peint sur les traits d’Eliana qui se mit à
courir, entraînant Aaron à sa suite. Quelques mètres plus loin, elle lui
murmura dans un souffle qu’elle devait le rendormir avant de quitter les lieux.
Elle lui en dirait plus à son réveil, lorsqu’ils seraient chez elle en
sécurité. Sans attendre sa réponse, elle lui clôt les lèvres d’un chaste
baiser. Avant de sombrer, il eut tout juste le temps de percevoir la douce
fermeté de sa bouche au parfum sylvestre envoûtant.
Quand
Aaron rouvrit les yeux, il se trouvait dans un endroit qu’il mit quelques
secondes à identifier…
Peut-être était-ce le
breuvage d’Eliana qui lui tournait la tête, ou bien toutes ces bougies qui brillaient
intensément aux quatre coins de la pièce ? Impossible pour lui de se relever...
Il prit alors le temps de regarder dans
les moindres détails tout ce qui se trouvait dans ce lieu intriguant. Qui sait,
cela pourrait certainement l’aider à mieux cerner son hôte ?
Son regard fut d’abord
attiré par le lit majestueux dans lequel il se trouvait. Il était fait de
bois, vieillit par le temps, sur lequel était gravée une phrase d’un dialecte qu’il
ne connaissait pas : « An
douar so kozh med n'eo ket sod ». Que cela pouvait-il bien signifier,
pensa Aaron. Ces mots avaient-ils de l’importance pour Eliana ?
Il chercha alors d’autres
indices en balayant son regard de gauche à droite. Rien ne lui parut anormal,
mis à part le fait que cette pièce ne contienne aucune ouverture. Pas une
seule fenêtre, ni même de porte... mais comment ai-je bien pu arriver jusqu’ici
se demanda le jeune homme.
Intrigué par les lueurs des
bougies qui éclairaient le fond de cette pièce immense. Aaron décida de se
lever. Il distingua très vite un magnifique fauteuil en tissu brodé dans lequel
Eliana s’était endormie. Il prit le temps de l’admirer de la tête aux souliers
avant de lui glisser un doux baiser sur sa chevelure dorée.
La suite sera écrite par
Delphine, alors RDV demain sur son blog !